Desiderius Erasmus et son cheval de Troie
Erasmus, fut le premier théologien à éditer le nouveau testament en grec. La première édition fut imprimée en 1516, suivi de quatre autres dont une édition en 1522 sur laquelle allait reposer la plupart des futures traductions européennes dont le fameux "Textus Receptus".
Aujourd'hui la majorité de nos bible sont donc traduites à partir de cette première édition du nouveau testament grec d'Erasmus.
Mais voilà, ce théologien humaniste et rationaliste, rappelons le, était un fervent partisan du divorce pour adultère ainsi que du remariage.
Sa théologie sur le sujet était pour le moins que l'on puisse dire très libérale et à l'opposée de l'enseignement biblique prêché par les pères de l'église. Et lorsque l'on découvre qu'Erasmus attachait plus d'importance à la raison humaine qu'aux saintes écritures et à la vérité, on ne s'étonne plus de ses erreurs volontaires de traduction et d'interprétation de la fameuse clause d'exception.
Matthieu 19.9 fut ainsi sciemment altéré par ce dernier, et depuis lors, l'erreur incrustée dans la grande majorité des bibles traduites par la suite.
Là où le bât blesse, c'est lorsque l'on réalise que la doctrine libérale qui autorise le divorce et le remariage ne se base que sur cet unique verset pour fonder sa théologie pseudo-biblique alors que le sujet est d'une telle importance.
Certains se demanderont à juste titre comment il est possible que de telles erreurs - introduites au XVIème siècle dans une grande partie des traductions de la bible - n'aient pas été démasquées et rejetées depuis lors ?
Rappelons que la traduction grecque d'Erasmus fut éditée quelques années avant la réforme qui vit naître le protestantisme. À cette période là en Europe, la version du nouveau testament qui prévalait était en latin (la Vulgate). Les réformateurs (dont Luther), bien contents d'avoir enfin en leur possession un nouveau testament grecque qui allait enfin contrebalancer le pouvoir de l'église catholique romaine, acceptèrent rapidement le nouvel enseignement sur le divorce qu'Erasmus avait introduit. Par la suite, ils n'eurent pas le courage de revenir en arrière.
Et aujourd'hui, très peu d'éditeurs seraient prêts à prendre le risque de proposer une bible où la clause d'exception concernant le divorce ne serait pas enseignée.
En même temps, il faut les comprendre. Avec un taux de divorce qui s'approche dangereusement des 50% au sein même de l'église , les bibles fidèles à l'enseignement originel n'auraient aucune chance de devenir des best-seller (à noter que de nombreuses bibles sont protégées par des droits d'auteurs - copyright - lorsque la traduction n'est pas encore entrée dans le domaine public et que l'éditeur se réserve tous les droits)
(Plus de détails sur la réforme ici)
Matthieu 19.9 et ses altérations :
Pour la première fois le péché spécifique de la fornication est interprété plus largement comme une immoralité sexuelle, un adultère, une infidélité conjugale et devient ainsi un motif légal de divorce. Il en conclut ensuite que si les les liens du mariage ont été rompus, alors la victime d'un adultère peut librement se remarier. Une fois la porte grande ouverte, les réformateurs ont par la suite inventé toujours plus d'excuses pour permettre un divorce.
Matthieu 19.9 : versions grecques originales :
Byzantine Majority Text
λεγω δε υμιν οτι ος αν απολυση την γυναικα αυτου μη (non) επι (pour) πορνεια (fornication) και γαμηση αλλην μοιχαται και ο απολελυμενην γαμησας μοιχαται
Greek Orthodox NT
λέγω δὲ ὑμῖν ὅτι ὃς ἂν ἀπολύσῃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ μὴ (non) ἐπὶ (pou) πορνείᾳ (fornication) καὶ γαμήσῃ ἄλλην, μοιχᾶται· καὶ ὁ ἀπολελυμένην γαμήσας μοιχᾶται.
(Lien vers d'autres versions grecques)
Porneia / fornication a un sens strict sans ambiguïté qui désigne toutes impudicités sexuelles commises par une personne non mariée.
Dans le contexte du passage de Matthieu 19.9, la fornication était invoquée pour le cas d'une fiancée qui ne serait pas trouvée vierge par son époux lors de la nuit de noce.
Mais en aucun cas la fornication ne peut-être traduite comme un adultère, qui rappelons le, est le fait - pour une personne mariée - d'avoir une relation sexuelle avec un autre que son conjoint.
Et pourtant aujourd'hui voici les traductions de Matthieu 19.9 que nous retrouvons :
Bible en français courant
Je vous le déclare : si un homme renvoie sa femme, alors qu'elle n'a pas été infidèle, et en épouse une autre, il commet un adultère.
Bible Parole de Vie
Vraiment, je vous le dis, un homme ne doit pas renvoyer sa femme, sauf quand le mariage est contraire à la loi. En effet, quand un homme renvoie sa femme et se marie avec une autre, il commet un adultère.
La Colombe
Mais je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour infidélité et en épouse une autre, commet un adultère.
Nouvelle Bible Segond
Mais, je vous le dis, celui qui répudie sa femme — sauf pour inconduite sexuelle — et en épouse une autre commet l'adultère.
TOB
Je vous le dis : Si quelqu'un répudie sa femme — sauf en cas d'union illégale — et en épouse une autre, il est adultère.
Bible du Semeur
Aussi, je vous déclare que celui qui divorce et se remarie, commet un adultère --- sauf en cas d'immoralité sexuelle.
Erasmus, ne se contentant pas seulement de falsifier la traduction grecque, fera de même pour son édition en latin.
Il changera le mot latin "fornicationem" en une expression fourre-tout "stuprum" (Novum Testamentum d'Erasmus) pour ainsi élargir la portée de la clause d'exception à l'impudicité, la disgrâce, la souillure, le déshonneur, la luxure etc.
L'épître aux hébreux est un très bon exemple pour montrer la différence entre fornication (porneia) et adultère (mochaitai) puisque les deux termes sont utilisés dans le même versets.
Hébreux 13.4 : " Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les débauchés et les adultères."
Byzantine/Majority Text (2000)
"τιμιος ο γαμος εν πασιν και η κοιτη αμιαντος πορνους (pornous = fonicateurs) δε και μοιχους (moichous = adultères) κρινει ο θεος."
Il n'est donc pas permis d'avoir de doute quant au sens des paroles de Jésus au verset 9 de Matthieu 19. Il ne s'adresse en aucun cas à des gens mariés.
Quelle terrible désillusion de voir dans nos église l'enseignement sur le divorce fondé sur une mauvaise traduction des textes originaux (et donc d'une interprétation erronée).
Aujourd'hui la majorité de nos bible sont donc traduites à partir de cette première édition du nouveau testament grec d'Erasmus.
Mais voilà, ce théologien humaniste et rationaliste, rappelons le, était un fervent partisan du divorce pour adultère ainsi que du remariage.
Sa théologie sur le sujet était pour le moins que l'on puisse dire très libérale et à l'opposée de l'enseignement biblique prêché par les pères de l'église. Et lorsque l'on découvre qu'Erasmus attachait plus d'importance à la raison humaine qu'aux saintes écritures et à la vérité, on ne s'étonne plus de ses erreurs volontaires de traduction et d'interprétation de la fameuse clause d'exception.
Matthieu 19.9 fut ainsi sciemment altéré par ce dernier, et depuis lors, l'erreur incrustée dans la grande majorité des bibles traduites par la suite.
Là où le bât blesse, c'est lorsque l'on réalise que la doctrine libérale qui autorise le divorce et le remariage ne se base que sur cet unique verset pour fonder sa théologie pseudo-biblique alors que le sujet est d'une telle importance.
Certains se demanderont à juste titre comment il est possible que de telles erreurs - introduites au XVIème siècle dans une grande partie des traductions de la bible - n'aient pas été démasquées et rejetées depuis lors ?
Rappelons que la traduction grecque d'Erasmus fut éditée quelques années avant la réforme qui vit naître le protestantisme. À cette période là en Europe, la version du nouveau testament qui prévalait était en latin (la Vulgate). Les réformateurs (dont Luther), bien contents d'avoir enfin en leur possession un nouveau testament grecque qui allait enfin contrebalancer le pouvoir de l'église catholique romaine, acceptèrent rapidement le nouvel enseignement sur le divorce qu'Erasmus avait introduit. Par la suite, ils n'eurent pas le courage de revenir en arrière.
Et aujourd'hui, très peu d'éditeurs seraient prêts à prendre le risque de proposer une bible où la clause d'exception concernant le divorce ne serait pas enseignée.
En même temps, il faut les comprendre. Avec un taux de divorce qui s'approche dangereusement des 50% au sein même de l'église , les bibles fidèles à l'enseignement originel n'auraient aucune chance de devenir des best-seller (à noter que de nombreuses bibles sont protégées par des droits d'auteurs - copyright - lorsque la traduction n'est pas encore entrée dans le domaine public et que l'éditeur se réserve tous les droits)
(Plus de détails sur la réforme ici)
Matthieu 19.9 et ses altérations :
- Première altération, Erasmsus introduit une nouvelle interprétation du mot "porneia".
Pour la première fois le péché spécifique de la fornication est interprété plus largement comme une immoralité sexuelle, un adultère, une infidélité conjugale et devient ainsi un motif légal de divorce. Il en conclut ensuite que si les les liens du mariage ont été rompus, alors la victime d'un adultère peut librement se remarier. Une fois la porte grande ouverte, les réformateurs ont par la suite inventé toujours plus d'excuses pour permettre un divorce.
Matthieu 19.9 : versions grecques originales :
Byzantine Majority Text
λεγω δε υμιν οτι ος αν απολυση την γυναικα αυτου μη (non) επι (pour) πορνεια (fornication) και γαμηση αλλην μοιχαται και ο απολελυμενην γαμησας μοιχαται
Greek Orthodox NT
λέγω δὲ ὑμῖν ὅτι ὃς ἂν ἀπολύσῃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ μὴ (non) ἐπὶ (pou) πορνείᾳ (fornication) καὶ γαμήσῃ ἄλλην, μοιχᾶται· καὶ ὁ ἀπολελυμένην γαμήσας μοιχᾶται.
(Lien vers d'autres versions grecques)
Porneia / fornication a un sens strict sans ambiguïté qui désigne toutes impudicités sexuelles commises par une personne non mariée.
Dans le contexte du passage de Matthieu 19.9, la fornication était invoquée pour le cas d'une fiancée qui ne serait pas trouvée vierge par son époux lors de la nuit de noce.
Mais en aucun cas la fornication ne peut-être traduite comme un adultère, qui rappelons le, est le fait - pour une personne mariée - d'avoir une relation sexuelle avec un autre que son conjoint.
Et pourtant aujourd'hui voici les traductions de Matthieu 19.9 que nous retrouvons :
Bible en français courant
Je vous le déclare : si un homme renvoie sa femme, alors qu'elle n'a pas été infidèle, et en épouse une autre, il commet un adultère.
Bible Parole de Vie
Vraiment, je vous le dis, un homme ne doit pas renvoyer sa femme, sauf quand le mariage est contraire à la loi. En effet, quand un homme renvoie sa femme et se marie avec une autre, il commet un adultère.
La Colombe
Mais je vous dis : Quiconque répudie sa femme, sauf pour infidélité et en épouse une autre, commet un adultère.
Nouvelle Bible Segond
Mais, je vous le dis, celui qui répudie sa femme — sauf pour inconduite sexuelle — et en épouse une autre commet l'adultère.
TOB
Je vous le dis : Si quelqu'un répudie sa femme — sauf en cas d'union illégale — et en épouse une autre, il est adultère.
Bible du Semeur
Aussi, je vous déclare que celui qui divorce et se remarie, commet un adultère --- sauf en cas d'immoralité sexuelle.
Erasmus, ne se contentant pas seulement de falsifier la traduction grecque, fera de même pour son édition en latin.
Il changera le mot latin "fornicationem" en une expression fourre-tout "stuprum" (Novum Testamentum d'Erasmus) pour ainsi élargir la portée de la clause d'exception à l'impudicité, la disgrâce, la souillure, le déshonneur, la luxure etc.
L'épître aux hébreux est un très bon exemple pour montrer la différence entre fornication (porneia) et adultère (mochaitai) puisque les deux termes sont utilisés dans le même versets.
Hébreux 13.4 : " Que le mariage soit honoré de tous, et le lit conjugal exempt de souillure, car Dieu jugera les débauchés et les adultères."
Byzantine/Majority Text (2000)
"τιμιος ο γαμος εν πασιν και η κοιτη αμιαντος πορνους (pornous = fonicateurs) δε και μοιχους (moichous = adultères) κρινει ο θεος."
Il n'est donc pas permis d'avoir de doute quant au sens des paroles de Jésus au verset 9 de Matthieu 19. Il ne s'adresse en aucun cas à des gens mariés.
Quelle terrible désillusion de voir dans nos église l'enseignement sur le divorce fondé sur une mauvaise traduction des textes originaux (et donc d'une interprétation erronée).
- Deuxième altération, Erasmus aurait aussi vraisemblablement ajouté la particule grecque "ει" devant "μη επι πορνεια" dans ce fameux verset 9.
Et c'est ce qui a permis d'interpréter le verset comme une exception alors que le sens original n'était pas "sauf pour fornication" mais "non pour fornication".
Traductions de Matthieu 5.32 et 19.9 respectant les textes originaux :
Matthieu 5.32 : "Mais moi, je vous dis que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause de fornication, la fait commettre adultère ; et quiconque épousera une femme répudiée, commet adultère." Version Darby
Byzantine/Majority Text (2000)
"εγω δε λεγω υμιν οτι ος αν απολυση την γυναικα αυτου παρεκτος λογου πορνειας (parektos logou porneia - sauf pour la raison de fornication) ποιει αυτην μοιχασθαι και ος εαν απολελυμενην γαμηση μοιχαται"
Matthieu 19.9 : "Et je vous dis que quiconque répudiera sa femme, non pour cause de fornication, et en épousera une autre, commet adultère ; et celui qui épouse une femme répudiée, commet adultère." Version Darby
Byzantine/Majority Text (2000)
"λεγω δε υμιν οτι ος αν απολυση την γυναικα αυτου μη επι πορνεια (me epi porneia - non pour fornication) και γαμηση αλλην μοιχαται και ο απολελυμενην γαμησας μοιχαται"
Erasmus en ajoutant la particule "ει" devant "μη" changea le sens du verset :
"non pour" devenait "sauf pour".
Plusieurs hypothèses sont soulevées pour essayer de comprendre cette erreur.
Tout d'abord, Erasmus était humaniste, ne l'oublions pas, et donc il n'est pas étonnant qu'il ait interprété Matthieu 5.32 comme une clause d'exception (alors que 5.32 est une clause d'exemption) à l'indissolubilité des liens du mariage.
Ce faisant, il en a conclu qu'en Matthieu 19.9, la même clause prévalait superposant le verset 32 au verset 9.
Sur les sept ou huit manuscripts qu'il avait en sa possession pour éditer la bible en grecque (dont seulement trois contenaient le nouveau testament), aucuns d'eux ne laissaient apparaître la mot grec "ει". Une correction dans la marge de l'un de ces codex insérant la particule serait la seule explication à cette erreur.
Quoiqu'il en soit, l'édition d'Erasmus traduisit le verset 9 comme suit :
Stephanus Textus Receptus (1550)
"λέγω δὲ ὑμῖν ὅτι ὃς ἂν ἀπολύσῃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ εἰ μὴ ἐπὶ πορνείᾳ (sauf pour fornication) καὶ γαμήσῃ ἄλλην μοιχᾶται καὶ ὁ ἀπολελυμένην γαμήσας μοιχᾶται"
Ci-dessous, nous voyons les conséquences de cette erreur dans la majorité de nos versions française :
Bible en français courant
"alors qu'elle n'a pas été infidèle" Bible Parole de Vie "sauf quand le mariage est contraire à la loi" La Colombe "sauf pour infidélité" |
Nouvelle Bible Segond
"sauf pour inconduite sexuelle" TOB "sauf en cas d'union illégale" Bible du Semeur "sauf en cas d'immoralité sexuelle." |
Et pourtant les copies les plus anciennes ainsi que leur traduction successives sont belles et bien claires, il n'y a aucune trace de "εἰ " :
Westcott/Hort with Diacritics
"λέγω δὲ ὑμῖν ὅτι ὃς ἂν ἀπολύσῃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ μὴ ἐπὶ πορνείᾳ καὶ γαμήσῃ ἄλλην μοιχᾶται."
Byzantine/Majority Text (2000)
"λεγω δε υμιν οτι ος αν απολυση την γυναικα αυτου μη επι πορνεια και γαμηση αλλην μοιχαται και ο απολελυμενην γαμησας μοιχαται"
Greek Orthodox Church
"λέγω δὲ ὑμῖν ὅτι ὃς ἂν ἀπολύσῃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ μὴ ἐπὶ πορνείᾳ καὶ γαμήσῃ ἄλλην, μοιχᾶται· καὶ ὁ ἀπολελυμένην γαμήσας μοιχᾶται."
Tischendorf 8th Ed. with Diacritics
"λέγω δὲ ὑμῖν ὅτι ὃς ἂν ἀπολύσῃ τὴν γυναῖκα αὐτοῦ μὴ ἐπὶ πορνείᾳ καὶ γαμήσῃ ἄλλην, μοιχᾶται."
Codex Sinaiticus (IVème siècle)
"λεγω δε ϋμιν οτι οϲ αν απολυϲη τη γυνεκα αυτου μη επι πορνια και γαμηϲη αλλην μοιχατε"
L'ajout de la paticule "εἰ " avant "μὴ " a eu des conséquences catastrophiques sur l'enseignement éthique de Jésus concernant le mariage et le divorce.
Les réformateurs rédigèrent leur confession de foi en se basant sur l'édition grecque d'Erasme et c'est ainsi que l'église commença rapidement à s'éloigner de la vérité scripturaire concernant l'indissolubilité du mariage.